CHAPITRE VII

Par la porte entrouverte de leur chambre, Luke vit son épouse allongée sur le lit. Elle semblait détendue, sa chevelure roux doré entourant son visage comme un halo. Elle respirait paisiblement. Cela rappela au Jedi qu’ils avaient connu peu de moments de paix…

Près d’elle, des vêtements plies étaient prêts à être rangés dans les sacs de voyage posés au pied du lit. Luke sourit, appréciant la prévenance de son épouse, qui avait pris la peine de sortir ses sacs en dépit de la fatigue symptomatique de sa maladie.

Il entra doucement, pour ne pas la déranger, mais elle ouvrit les yeux.

– C’est toi, Luke. Parfait…

– Qui d’autre attendais-tu ?

– Anakin. Je ne veux pas être en retard pour notre départ.

– Ne t’inquiète pas. Anakin est très compréhensif. Comment vas-tu ?

– Tu es le Maître Jedi, dis-le-moi !

Luke utilisa la Force pour « regarder » à l’intérieur de Mara. Les défenses qu’elle avait dressées cédèrent devant lui. Il atteignit le centre de Mara.

Quand il la regardait de cette façon, à travers la Force, elle ressemblait à une flamme d’un blanc éblouissant.

La maladie avait sapé son énergie, mais elle résistait. Il sentit la Force couler en elle, réparant sans relâche les dégâts provoqués par la maladie. Sa première rencontre avec les Yuuzhan Vong l’avait perturbée, permettant au mal de s’implanter, mais depuis elle avait fait un grand pas vers la guérison.

Si elle n’est pas rétablie, elle est de plus en plus forte.

– Je dirais que tu vas très bien, mon amour.

Mara s’assit et caressa le cou de son époux.

– Je vais mieux, mais pas assez bien !

– Donne-toi le temps, Mara. L’impatience est le héraut du désespoir.

– Et le désespoir appartient au Côté Obscur. Je comprends, Maître Skywalker.

– Tu sais ce que je veux dire.

– Oui, et je comprends aussi pourquoi tu m’avertis. Ton empathie et ta prudence, voilà les deux qualités qui me sont les plus chères.

– Tu ne vois pas d’inconvénient à ce qu’Anakin t’accompagne ?

– Non. Mais je peux y aller seule si tu as besoin de lui.

– Si tu ne veux pas de lui, je lui trouverai une autre mission. Je refuse que tu sois ennuyée par quelque chose qui est en réalité mon problème.

– Luke ! cria Mara. Quand nous nous sommes mariés, tes problèmes sont devenus les miens.

– Oui, mais Anakin fait partie de ma famille. Et, considérant comment tu as grandi, tu n’as jamais eu l’occasion de…

– Ça te va bien de me dire ça ! Toi qui as été élevé comme un enfant unique !

Luke sourit.

– Compris !

– Essaie de comprendre aussi ça : quand j’ai accepté de t’épouser, je savais à quoi je m’engageais. Nous avons décidé de partager notre existence, ce qui signifie que nous échangeons aussi bien les problèmes que les joies. J’apprécie beaucoup Anakin. Il se sent responsable de la mort de Chewbacca. A une époque, je me suis crue coupable de celle de l’Empereur. Si je peux l’aider, il ne sera peut-être pas obligé de supporter tout ce que j’ai subi avant de m’en sortir. Cela dit, je suppose qu’il n’est pas ravi de devoir accompagner une vieille femme malade sur une planète où elle prendra une cure de repos !

– Il a accepté la mission. Je lui ai dit que je te confiais à lui. Il a fait du bon boulot pour obtenir le matériel dont vous aurez besoin sur Dantooine.

Les yeux de Mara étincelèrent.

– J’ai senti que tu me cachais quelque chose, à l’instant. De quoi s’agit-il ?

– Je dois travailler à mon contrôle, dit Luke. (Il soupira.) Tu connais les cartes stellaires. Dantooine est sur le chemin de la Bordure. La planète pourrait se trouver dans le couloir d’invasion des Yuuzhan Vong. T’envoyer là-bas, seule avec Anakin…

–… Est sans doute ta meilleure chance de récupérer des informations pour estimer l’ampleur de l’invasion. Comme nous en avons déjà parlé, les attaques précédentes n’étaient pas vraiment militaires. Nos ennemis n’avaient pas fait de reconnaissance ni créé de bases avancées. Ceux qui suivront devront agir plus prudemment, parce qu’ils nous savent désormais sur le pied de guerre.

– Ta logique est implacable, mais je n’aime pas te voir en première ligne !

– Dantooine n’est pas une cible stratégique. C’est pour ça que les Rebelles l’avaient choisie comme base, et que Tarkin ne l’a pas détruite avec l’Etoile Noire.

Luke eut l’air mal à l’aise.

– Oui, en supposant que leur idée d’une cible soit la même que la nôtre. Souviens-toi de ce qu’ils ont fait sur Belkadan. Leurs critères de sélection diffèrent peut-être des nôtres.

– Raison de plus pour envoyer des éclaireurs sur place.

– Parce que je te connais trop bien !

– C’est vrai. Mieux que je ne me connais moi-même.

– Mais pas aussi bien que quand nous serons vieux et grisonnants. Et je devine que tes inquiétudes pour moi sont une façon d’oublier le danger qui t’attend. Nous savons que les Yuuzhan Vong sont déjà allés sur Belkadan. Qui sait ce que tu y trouveras…

– Je voudrais y découvrir le secret de ta guérison… Tu as dit que tu avais éprouvé comme un sentiment de connexion entre la peste qui y sévit et ta maladie. Si je pouvais glaner quelque chose de plus positif…

– Tu trouveras, Luke. Après tout ce que nous avons affronté, pas question que je laisse ce mal me tuer ! Si le remède vient de Belkadan, parfait. Si nous devons le chercher ailleurs, nous le ferons. L’important est de déterminer si ma maladie est liée aux Yuuzhan Vong. Dans ce cas, une fois guérie, je le leur ferai payer cher !

Luke l’embrassa.

– Quand nous appartenions à des factions opposées, ta fougue me faisait craindre de devoir t’affronter. Maintenant, je me sens presque désolé pour les Yuuzhan Vong.

– Tant pis pour eux. Personne ne leur avait demandé de venir ici ! Ne t’inquiète pas pour moi, Luke. Prends soin de Jacen, et de toi. Anakin et moi, nous nous en sortirons bien.

– Tu me manqueras, tu sais ?